Peu de personnes peuvent se targuer d’avoir participé à la création d’une cryptomonnaie d’ampleur, et encore moins d’avoir participé à 2 d’entre elles. C’est pourtant le cas de Charles Hoskinson, un des cofondateurs d’Ethereum (ETH) qui est devenu la tête pensante de la blockchain Cardano (ADA). Quel est le parcours de ce chercheur qui s’est distingué par ses opinions marquées ?
Charles Hoskinson : une enfance américaine avec un intérêt pour les mathématiques
Fils d’un père américain et d’une mère japonaise, Charles Hoskinson est né le 16 novembre 1987 à Hawaï. Il a cependant passé son enfance à Colorado Springs, dans le Colorado. Dès son plus jeune âge, il a montré un intérêt marqué pour les mathématiques et l’informatique.
Après avoir obtenu l’équivalent du baccalauréat, il a poursuivi ses études à l’Université du Colorado à Boulder, où il a étudié la théorie des nombres. Plus tard, il a également intégré l’Université d’État de Denver. De ses études, Charles Hoskinson a retiré un goût certain pour la recherche et un penchant pour les publications académiques.
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Début de carrière et découverte des cryptomonnaies
Alors qu’il était encore étudiant, Charles Hoskinson a commencé à s’intéresser aux cryptomonnaies et à la technologie blockchain, initialement par le biais de son intérêt pour les mathématiques. Bien qu’il ait affirmé dans les années qui ont suivi avoir intégré un programme de doctorat, il semblerait qu’en réalité, il n’ait obtenu aucun diplôme des universités qu’il a fréquentées.
Autre mythe fondateur : le créateur de Cardano a plusieurs fois affirmé avoir intégré l’Agence de recherche en défense des États-Unis (DARPA), mais cela a également été contredit par cette dernière.
Ce qui est certain, c’est qu’en 2013, Charles Hoskinson a créé un projet centré autour de Bitcoin, le « Bitcoin Education Project ». Déjà convaincu de l’intérêt de la cryptomonnaie, le futur créateur de Cardano a ainsi commencé à communiquer sur les particularités de la blockchain. C’est par ailleurs dans ce cadre qu’il réfléchit à l’élaboration d’une autre cryptomonnaie, en tant qu’alternative au BTC.
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Fondation d’Ethereum (ETH) et divergences avec Vitalik Buterin
C’est également en 2013 que Charles Hoskinson a rejoint le groupe des 5 développeurs qui ont créé la blockchain Ethereum (ETH). Parmi ses collègues de l’époque, on trouve bien sûr Vitalik Buterin, mais également des personnes qui ont fondé d’autres projets crypto d’ampleur, dont Gavin Wood (Polkadot) ou encore Joseph Lubin (Consensys).
En tant qu’un des architectes principaux d’Ethereum, Charles Hoskinson a joué un rôle central dans la définition de la vision et de l’orientation technique de la blockchain… Jusqu’à un certain point.
Des divergences ont en effet émergé très tôt entre lui et Vitalik Buterin. L’équipe des développeurs d’Ethereum s’est rangée du côté de Vitalik Buterin et a évincé Charles Hoskinson du projet en 2014. Le désaccord portait notamment sur la nature d’Ethereum : Charles Hoskinson aurait souhaité en faire un projet commercial, alors que Vitalik Buterin maintenait qu’il fallait que cela devienne une organisation non commerciale.
D’autres sources de discorde avaient également émergé. Charles Hoskinson souhaitait notamment avoir une approche plus rigoureuse et scientifique de la blockchain, contrairement à certains des cofondateurs. Finalement, Vitalik Buterin est devenue la tête pensante officieuse d’Ethereum et Charles Hoskinson est parti consacrer ses idéaux à un nouveau projet.
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Création de Cardano (ADA), une blockchain concurrente à Ethereum
Après son départ d’Ethereum, Charles Hoskinson s’est ainsi concentré sur la création d’une nouvelle blockchain : Cardano (ADA). Développée à partir de 2015 et lancée en 2017, Cardano voulait dès le départ être une alternative plus évolutive, plus sécurisée et plus durable aux autres blockchains existantes.
Il faut rappeler qu’à cette époque, plusieurs blockchains concurrentes à Ethereum ont été lancées. Il s’agissait alors de la première vague des plateformes de smart contracts. Beaucoup d’entre elles ont perdu de l’ampleur depuis, voire ont complètement disparu des radars. Mais ce n’est pas le cas de Cardano, qui est restée sur le devant de la scène jusqu’à ce jour.
À son lancement, l’objectif de Cardano est de fournir une infrastructure blockchain permettant d’accueillir des applications décentralisées (dApps), des smart contracts ainsi que des services financiers. La blockchain Cardano se distingue encore à ce jour par son approche scientifique et formelle, s’appuyant sur des principes d’ingénierie et de recherche rigoureuse. Au fur et à mesure, elle s’est notamment orientée vers une exploration de la finance décentralisée (DeFi), à l’instar d’une bonne partie de l’écosystème crypto.
Un travail de fond a été fait en l’espace de 10 ans pour étayer le projet. Comme il l’avait prévu avec Ethereum, Charles Hoskinson a ainsi créé une société afin de s’ouvrir aux investissements externes. Input Output Hong Kong (IOHK) est lancée en 2015 et c’est elle qui chapeaute à partir de là le développement de Cardano.
L’évolution de Cardano reste à ce jour complexe et elle est répartie en plusieurs « ères » qui portent des noms de grands scientifiques admirés par Charles Hoskinson. À partir de 2017, Cardano est élaborée en collaboration avec l’Université d’Édimbourg. Plusieurs autres contrats avec de grandes universités ont également été signés au fil des ans, notamment avec l’Institute of Technology de Tokyo ou l’Université de Stanford.
Le résultat de tout cela, c’est que Cardano a largement été considérée comme le pendant « scientifique » d’Ethereum, avec un délai de développement très long, mais assumé. À l’inverse d’Ethereum, Cardano a en effet disposé d’une roadmap détaillée dès le départ, avec des étapes bien définies à franchir.
À son apogée le 2 septembre 2021, la cryptomonnaie ADA avait atteint la 4e place des cryptos les plus capitalisées du moment, à 77 milliards de dollars. Cela a bien sûr donné un coup de projecteur à la figure de Charles Hoskinson, qui donne encore régulièrement son avis sur les évolutions de l’écosystème crypto.
À ce jour, Cardano reste une blockchain d’ampleur, même si elle a perdu un peu de sa superbe face à de nouveaux arrivants. Elle a également été mise en regard de son plus gros concurrent historique : Solana (SOL), qui a pris une très grande ampleur. En novembre 2024, l’ADA est tout de même située à la 10e place des cryptomonnaies les plus capitalisées avec 20,4 milliards de dollars.
👉 Pour en apprendre plus – Solana (SOL), la blockchain aux milliers de transactions par seconde
Charles Hoskinson aujourd’hui : une voix centrale dans l’écosystème crypto ?
Outre ses réalisations en tant que cofondateur d’Ethereum et de Cardano, Charles Hoskinson s’est engagé dans de nombreuses autres initiatives liées aux cryptomonnaies et à la blockchain. Il est notamment membre du conseil d’administration de la Blockchain Education Network, une organisation à but non lucratif visant à promouvoir l’éducation et l’adoption de la technologie blockchain. Il a également contribué à la création de la Cryptocurrency Research Group, un groupe de réflexion sur les cryptomonnaies.
En reconnaissance de ses contributions, Charles Hoskinson a reçu plusieurs distinctions. En 2014, il a été nommé l’un des « 30 de moins de 30 ans » par le magazine Forbes dans la catégorie Technologie. En 2018, il a été classé parmi les « 100 personnes les plus influentes dans le domaine des cryptomonnaies » par le magazine Richtopia.
Il est difficile d’estimer la fortune actuelle de Charles Hoskinson. En 2018, le magazine Forbes rapportait que ses avoirs pesaient entre 500 et 600 millions de dollars. Mais depuis, le cours des cryptomonnaies a eu tendance à grimper et l’ADA a atteint un record absolu en 2021. On peut donc estimer que sa fortune doit être plus importante à ce jour.
Critiques d’Ethereum et de Bitcoin
Depuis son départ d’Ethereum, Charles Hoskinson s’est distingué par ses critiques acerbes de cette blockchain. Il a qualifié Vitalik Buterin de « dictateur » et reproche à Ethereum de ne pas être assez décentralisée. À l’inverse, il communique souvent sur son souhait que Cardano devienne un réseau réellement autonome, sans influence d’IOHK.
Les autres cryptomonnaies ne sont pas non plus épargnées par ses critiques, y compris le Bitcoin. En 2024, un enregistrement a réémergé, où Charles Hoskinson estimait que la plus grande cryptomonnaie ne servait à rien :
« Bitcoin a besoin de l’industrie pour survivre, mais l’industrie n’a plus besoin de Bitcoin. […] C’est une religion, pas un écosystème. »
Dans l’ensemble, Charles Hoskinson a une conviction : Cardano est la blockchain la plus décentralisée, et elle sera utilisée par les gouvernements à l’avenir. Pour lui, les autres blockchains ont donc beaucoup moins d’intérêt.
Vers une place de conseiller auprès du président américain Donald Trump ?
Aujourd’hui, Charles Hoskinson continue de jouer un rôle de premier plan dans l’écosystème des cryptomonnaies, en tant que cofondateur et directeur de la stratégie d’IOHK. Il reste un acteur clé dans le développement et la promotion de technologies blockchain innovantes, avec Cardano comme projet phare, bien que cette dernière décentralise son fonctionnement progressivement.
Charles Hoskinson semble par ailleurs avoir des ambitions politiques. Suite à l’élection du président Donald Trump en novembre 2024, le créateur de Cardano a affirmé avoir rejoint une équipe de conseil en cryptomonnaies dédiée à éclairer le futur gouvernement. Sa participation se fera via Input Output Global (IOG), la branche mondiale d’IOHK.
Charles Hoskinson est souvent interrogé sur les évolutions de l’écosystème crypto
Charles Hoskinson : Ethereum, Cardano, puis le futur des cryptomonnaies ?
Avec Cardano, Charles Hoskinson a réussi à faire perdurer un des nombreux « Ethereum killers » qui ont émergé à partir de 2017, alors que plusieurs blockchains concurrentes se sont cassées les dents dans les années qui ont suivi. Personnage respecté par une partie de l’écosystème, moqué par d’autres, ses avis sont écoutés par beaucoup, bien qu’il cultive une grande discrétion sur sa vie privée.
Le créateur de Cardano se considère avant tout comme un chercheur et un développeur et il est convaincu que le modèle adopté par sa blockchain surpasse celui des autres. A-t-il raison ? Ce sont les années à venir qui nous le diront.
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Image : Web Summit via Wikimédia Commons
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Journaliste chez Cryptoast depuis 2017, je suis passionnée par les enjeux de décentralisation, de vie privée et de régulation. Je me suis spécialisée dans l’économie et la finance traditionnelle en analysant comment les actualités de ce secteur influencent celui des cryptomonnaies, offrant ainsi une perspective unique et éclairée aux lecteurs de Cryptoast.
Marine Debelloir
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